François Beauchard : les défis pour l’Europe dans le secteur du sport sont nombreux !

Quelles sont les principales avancées du réseau européen des sports de nature (ENOS) depuis sa création en 2013 ?

Créer un réseau international, le déployer et le faire rayonner nécessite du temps. À titre d’exemple, Europarc, le réseau européen des gestionnaires d’espaces naturels, a mis plus de 20 ans à s’inscrire pleinement dans le paysage. Avec ses 5 années d’activité, le jeune réseau ENOS commence à être connu et à impulser des actions. Conformément à ses objectifs, ENOS contribue à rendre visible les sports de nature au niveau européen en participant chaque année à EU Sport Forum et en coorganisant l’évènement biennal Outdoor Sports Euro’Meet. ENOS travaille de concert avec d’autres réseaux. Actuellement, nous participons à des travaux menés par le réseau de l’industrie européenne de l’outdoor (EOG) et sa coalition It’s Great Out There qui vise à développer les pratiques de sports de nature chez les jeunes défavorisés. Par ailleurs, l’élaboration d’un code de bonne conduite destiné aux pratiquants d’outdoor dans les espaces naturels est en cours avec la fédération Europarc. Les membres de ENOS s’impliquent dans des projets européens, à différents niveaux. Aujourd’hui, un projet piloté par le CREPS Auvergne Rhône-Alpes visant à évaluer les bénéfices sociaux liés à la pratique des sports de nature est en cours de réalisation. ENOS est aussi partenaire du projet de recherche ESSA-Sport, piloté par European Observatory of Sport Employment (EOSE). Il s’agit de la première enquête européenne dédiée à l’emploi sportif.

Quels sont les défis pour l’Europe dans le secteur du sport ?

Les défis pour l’Europe sont nombreux ! À mon sens, le champ du sport devrait être un levier de renforcement de la cohésion, si les politiques déployées ne correspondaient pas qu’au développement d’un nationalisme sportif exacerbé. Je rêve de voir des équipes olympiques nationales arborer le drapeau européen sous leur drapeau national. Cet affichage aurait une grande valeur, pas seulement symbolique. Pour ce qui relève des politiques sportives européennes, il me semble que toutes les orientations qui pourraient concourir au développement des pratiques sportives dans des objectifs de santé seraient à renforcer plutôt que de systématiquement travailler sur les champs négatifs du sport (ou champs en creux) que sont le dopage, la violence ou les matchs truqués. Il faut œuvrer à ce que les programmes Erasmus+ Sport soient plus orientés vers des actions permettant de soutenir le développement des sports de nature ou de l’outdoor, car ces activités ne nécessitent qu’un faible investissement financier et ont un fort impact social. De plus, ces activités sont bénéfiques en matière de santé et ont même des effets « réparateurs » que n’ont pas d’autres activités sportives.

Le site de Vallon Pont d’Arc du CREPS Auvergne-Rhône-Alpes a été labellisé Centre européen des sports de nature. Il s’agit du premier du genre. Ce label a-t-il vocation à « voyager » pour mettre en valeur l’action européenne d’autres structures en Europe ?

Cette labellisation est le fruit des expertises associées, cumulées et imbriquées du Pôle ressources national sports de nature et des services du CREPS, et en particulier du département Formation. Ce label, délivré pour la première fois en France, a vocation à s’exporter en Europe. Dans un premier temps, il pourrait être délivré aux membres du réseau ENOS qui développent une expertise en matière d’outdoor. L’élaboration d’un cahier des charges du label sera nécessaire pour en fixer le cadre mais, au vu de l’ensemble des travaux que nous avons à réaliser, ce point n’est pas encore à l’ordre du jour.

En savoir plus

Site European Network of Outdoor Sports : outdoor-sports-network.eu