Le Big data, une nouvelle voie pour vos politiques en matière d’outdoor

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Les objets connectés accompagnent de nombreux pratiquants d’activités sportives d’extérieur. Qu’il s’agisse de mesure de la fréquence cardiaque, d’évaluation des performances ou d’utilisation de fonctionnalités de localisation géographique, les applications collectent une masse considérable de données[1]. L’exploitation des données de géolocalisation des pratiquants peut nourrir les stratégies de développement territorial. Quelles sont les perspectives offertes par l’agrégation de ces données aux acteurs territoriaux ?

Les Français utilisent de plus en plus les objets connectés lors de leurs activités outdoor

Un peu plus d’un Français sur deux (52,7 %) pratique un sport outdoor, soit environ 28,8 millions de personnes[2]. Par ailleurs, quatre Français sur dix utilisent des objets connectés dans leurs activités sportives[3]. L’âge est un facteur déterminant ; 63 % des plus jeunes en utilisent contre seulement 36 % des 50-64 ans.

Plus accessibles, les applications smartphone dédiées au sport sont aujourd’hui utilisées par 31 % des Français. Ce qui représente un volume potentiel de 8 à 9 millions de pratiquants outdoor connectés.

Les objets connectés sportifs séduisent autant d’adeptes parce que leurs utilisateurs y trouvent plusieurs intérêts. La première motivation est la mesure de la performance et de la progression pour 73 % des utilisateurs. Ils sont parallèlement 67 % à dire que cela les incite à faire du sport plus régulièrement.

Ces dernières années, de nombreuses applications dédiées aux sports de nature sont apparues. Elles facilitent le quotidien des pratiquants qui grâce à elles peuvent :

  • connaître leur position en cours de déplacement sur un itinéraire ;
  • enregistrer et visualiser le tracé GPS du parcours réalisé ;
  • accéder à différents fonds de carte ;
  • partager leurs parcours (traces, photos, commentaires) avec les autres utilisateurs de l’application.

Ces services numériques rassemblent d’importantes communautés d’utilisateurs, qui constituent autant d’échantillons de pratiquants. Ceux qui enregistrent leurs parcours dans leurs comptes utilisateurs – les partageant parfois avec la communauté – constituent une « mémoire en ligne » de leur pratique, sortie après sortie. Celle-ci contient notamment des informations sur les dates, les horaires, les durées, les distances parcourues et les vitesses de déplacements. L’enregistrement d’un point géolocalisé toutes les secondes permet de reconstituer précisément les parcours effectués.

Carte de chaleur des départ de randonnées 2018-2019 - Visorando.com

Un gisement de données utiles pour construire des politiques territoriales adaptées

Une multitude d’applications dédiées à la pratique sportive existent. Les plus anciennes fédèrent des millions d’utilisateurs.

Runkeeper lancée en 2008 (désormais propriété de ASICS) compte cinquante millions d’utilisateurs. Strava créée l’année suivante est aujourd’hui une entreprise en expansion, fédérant 195 nationalités différentes, avec 45 millions de comptes existants et en moyenne un million de plus chaque mois, dans le monde. En France, l’application recense entre 50.000 et 60.000 nouveaux comptes par mois. À titre d’exemple, « sur le Marathon de Paris, 4 % des coureurs avaient enregistré une activité Strava en 2015, contre 30 % en 2019, selon Grégory Vermersch, responsable du marché français pour l’entreprise »[4]. Le trio MyFitnessPal, Endomondo et MapMyFitness (Under Armour) recensent trois fois plus d’utilisateurs que Strava, sans oublier d’autres acteurs de poids de ce secteur (Nike et Garmin) qui développent leurs propres plateformes.

À côté de ces acteurs internationaux historiques – présents essentiellement sur les secteurs de la course à pied et du vélo  – existent des TPE et PME européennes positionnées sur le segment des applications mobiles dédiées à la randonnée (Visorando, MyTrails, Ubitrek, Trekme…) ou des sites de partage de tracés GPS (Open Runner, MyTrails…). La majorité de ces éditeurs français voient le nombre de leurs abonnés ou contributeurs augmenter chaque année[5] de plus de 10 %.

Ce marché des applications dédiées aux pratiquants d’activités outdoor (BToC) est en pleine effervescence. Paradoxalement, il est balbutiant dans son versant professionnel (BToB). En effet, les données issues de la géolocalisation des pratiquants, hébergées en partie par ces opérateurs sont encore peu valorisées scientifiquement ou commercialement auprès de potentiels utilisateurs, tels que les fédérations sportives, les collectivités territoriales ou les gestionnaires d’espaces naturels protégés. Seule l’entreprise Strava a une stratégie affirmée en la matière, déployée par Strava Metro, sa filiale spécialisée.

En agrégeant les données des membres de Strava, cette filiale conçoit des produits – tels que la carte mondiale des activités – utiles aux acteurs publics pour adapter des schémas de mobilité, optimiser des investissements et mesurer l’impact des modifications apportées aux infrastructures de mobilités. Une centaine de métropoles mondiales sont clientes, des administrations en charges des mobilités, des universitaires s’y intéressent également.

L’institut régional de développement du sport d’Île-de-France a bien compris l’intérêt des données spatiales pour repenser les aménagements urbains en vue de favoriser la pratique de la course à pied et contribuer à l’amélioration de la santé des Franciliens. À partir des flux de données générés par Strava Metro, il a révélé les itinéraires utilisés par les Franciliens dans le projet intitulé Où courent les Franciliens ?

Cette expérience paraît porteuse d’avenir et ouvre de nouvelles voies dans l’observation et la connaissance des pratiques outdoor.

Notes

[1]Le big data ou mégadonnées désignent l'ensemble des données numériques produites par l'utilisation des nouvelles technologies à des fins personnelles ou professionnelles

[2]Lire à ce sujet l’article Les sports outdoor pour stimuler la pratique sportive sur le site www.sportsdenature.gouv.fr

[3]Sondage Odoxa, réalisé le 8 et 9 juin 2019, pour le compte de BFM TV, à partir d’un échantillon de 1 005 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

[4]Strava : la stratégie derrière l’appli. Joe Lindsey. Outside, 27 juin 2019. www.outside.fr

[5]Information issue des entretiens sur le marché des applications mobiles outdoor, menés par le Pôle ressources national sports de nature entre mai et août 2019.

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