La connaissance des pratiquants de sports et loisirs de nature : socle d’une offre touristique adaptée

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De nombreuses données publiées en 2019 vont intéresser les acteurs impliqués dans le développement des territoires par les sports de nature. L’analyse croisée de ces données permettra aux territoires d’appréhender avec plus de finesse le potentiel touristique des sports et loisirs de nature et l’intérêt de les développer. Quant aux acteurs de la filière, ils disposent d’informations utiles pour l’élaboration d’offres touristiques de sports et loisirs de nature, adaptées aux attentes des publics, qu’il s’agisse de touristes ou de la population locale. Le goût des Français pour les activités sportives, leurs activités préférées, l’intensité et la fréquence à laquelle ils pratiquent ou encore leurs motivations sont des caractéristiques à prendre en compte pour construire une destination.

Les français aiment pratiquer des activités sportives en milieu naturel

Les résultats du Baromètre national des pratiques sportives 2018 [1] renseignent sur l’intérêt des Français pour les pratiques sportives ; ils font apparaître un intérêt certain pour les activités physiques se pratiquant à l’extérieur.

En 2018, 66 % des Français de plus de 15 ans (soit un peu plus de 36 millions) ont eu une pratique sportive au cours des 12 derniers mois,dont 58 % de manière régulière. 47 % des pratiquants s’adonnent à leur sport en « extérieur » dont 36 % en milieu naturel et 11 % en plein air en ville. Quelle que soit l’activité pratiquée, c’est le plein air en milieu naturel qui réunit le plus de pratiquants. Ce chiffre peut être rapproché des 40 % d’Européens qui déclarent pratiquer leur activité physique le plus souvent dans des parcs ou en milieu naturel [2].

Par ailleurs, les congés sont des moments propices à la pratique d’une activité sportive.
En effet, parmi les Français déclarant avoir eu une activité sportive durant les 12 derniers mois, 6 % affirment pratiquer principalement durant les vacances. Cela révèle le potentiel de développement touristique des sports et loisirs de nature dans les territoires, d’autant plus que même les « moins sportifs » sont concernés. Il est probable que si les vacances constituent une occasion naturelle de s’adonner à une activité sportive, cette dernière puisse aussi conditionner le choix de la destination.

Le Baromètre national des pratiques sportives 2018 confirme ainsi l’intérêt des Français pour les pratiques sportives en général et pour la pratique en extérieur, également désignée par le terme de sports outdoor.

La course à pied et la marche sont en tête des activités pratiquées par les français

Parmi les quatre univers sportifs les plus prisés par les Français interrogés, celui de la course et de la marche arrive en tête, 40 % de Français déclarent pratiquer une activité y appartenant. Vient ensuite l’univers des activités de la forme et de la gymnastique dont les activités sont pratiquées par 22 % des personnes interrogées. Si a priori le tourisme lié à la pratique des sports et loisirs de nature est moins concerné par ces activités, le succès du CrossFit doit toutefois interpeller le secteur touristique, car il peut constituer une piste de développement de produits, en particulier en zone urbaine. Viennent ensuite les univers des sports aquatiques et nautiques (20 %) et des sports de cycles et motorisés [3](18 %).

Au palmarès des univers sportifs les plus appréciés par les Français interrogés, trois relèvent des sports outdoor.
Les Français ont le goût des activités dites de plein air. Les chiffres clés du tourisme en région Auvergne-Rhône-Alpes de 2018 [4] le confirment. En effet, 52 % des séjours français ont donné lieu à la pratique d’une activité de pleine nature en région Auvergne-Rhône-Alpes. La pratique de la randonnée pédestre a été l’activité principale de 31 % des séjours dans cette région.

D’un point de vue touristique, l’offre de randonnée pédestre semble donc être un produit d’appel indispensable, de même que l’offre de vélo tout-terrain et de cyclotourisme. Ces activités répondent aux motivations des pratiquants [5] et sont financièrement abordables, car elles nécessitent peu de matériel et peuvent être pratiquées de manière autonome, même par les novices.

Les pratiquants de PAH, rubrique Espaces activités, onglet Observation > Pratiquants

Fréquence, intensité des pratiques et motivations des pratiquants doivent guider la construction de l’offre touristique

Amatrice, régulière et autonome, telles sont les caractéristiques de la pratique sportive des Français. Ces pratiquants cherchent davantage à se détendre, ou à se maintenir en bonne santé, qu’à se dépasser ou à avoir des sensations extrêmes (Baromètre national des pratiques sportives 2018). D’après l’étude sur les clientèles de la randonnée pédestre publiée par Atout France[6], pour les randonneurs, le contact avec la nature est l’une des principales motivations à la pratique, ce qui n’est pas sans contribuer à la détente et au maintien en bon état de forme physique et psychologique. Le Baromètre des sports et loisirs de nature en France (2016)[7] le confirme également puisque toutes pratiques sportives de nature confondues, la deuxième motivation qui amène les Français à pratiquer des sports et loisirs de nature est le contact avec la nature et la beauté des paysages (78 %).

Les sportifs réguliers, c’est-à-dire qui pratiquent au minimum une fois par semaine, déclarent avoir une intensité de pratique moyenne (57 %) à modérée (31 %). Les sportifs dont l’intensité de pratique est moyenne sont surreprésentés parmi les personnes qui s’adonnent à leur activité de prédilection essentiellement pendant les vacances.

Extrait de Profil et attentes des clientèles Outdoor. Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme, 2019.

Une majorité des pratiquants français interrogés dans le cadre du Baromètre 2018 estiment avoir un niveau sportif plutôt moyen.

Parmi les Français qui n’ont aucune pratique sportive (34 %), une personne sur cinq souhaite se « mettre au sport ». Activités de la forme et de la gymnastique (27 %), sports aquatiques et nautiques (18 %) ou course et marche (15 %) sont les univers sportifs qui attirent les non-pratiquants.

C’est lors des périodes de congés que les non-pratiquants ont envie de découvrir des activités sportives de nature. Il s’agira d’activités familiales et ludiques, telles que l’accrobranche, la descente de rivière en canoë, ou encore le canyonisme, le tout sur des parcours faciles et courts. La randonnée pédestre et le vélo, surtout avec assistance électrique, font partie des activités douces et accessibles, tant physiquement que financièrement, qui plaisent aux vacanciers.

Les pratiquants, quant à eux, apprécient s’adonner à leur sport de nature de manière conviviale pendant les vacances. Ils sont à la recherche de sites de pratique un peu plus techniques et sportifs, mais de difficulté et d’intensité globalement moyenne. Par ailleurs, une offre d’activités variée permettra de satisfaire le goût naturel du pratiquant de sport de nature pour la découverte[8].

Les territoires ruraux et de moyenne montagne, grâce à leurs reliefs adaptés aux attentes d’une majorité de pratiquants et parce qu’ils disposent d’un environnement naturel, préservé et diversifié, peuvent développer des offres touristiques de sports et de loisirs de nature de manière avantageuse.

La concurrence entre les territoires est vive et les clientèles des sports outdoor sont multiples.
Les territoires qui souhaitent développer leur attractivité grâce au secteur des sports outdoor devront construire une offre de sports et loisirs de nature variée, composée d’activités répondant aux attentes de différents publics allant de la famille au pratiquant plus sportif. Néanmoins, il semble judicieux d’identifier les clientèles cibles du territoire pour élaborer une offre adaptée.

Cette offre devra être enrichie par des services complémentaires (location et vente de matériel, service de transports, prestation d’encadrement, vente de guides, cartes, etc.). Par la suite, la promotion de l’offre doit faire l’objet d’une communication soignée pour rencontrer son public.

C’est en fait toute une filière qui doit être structurée à l’échelle d’un territoire.
Il s’agira de réunir les acteurs concernés par les sports et loisirs de nature et de les orienter dans une même direction. Ce type de coopération est déjà à l’œuvre dans de nombreux territoires, à l’instar de la démarche engagée en Massif central autour du dispositif Pôles de pleine nature ou encore des Territoires d’excellence pleine nature issus d’un dispositif régional Auvergne-Rhône-Alpes.

Déployer une stratégie territoriale autour des sports et loisirs de nature peut conforter ou renouveler l’image d’un territoire. Certains territoires ont rendu visible ce positionnement en en faisant un axe fort de communication à travers une démarche de marketing territorial [9].

Focus : le potentiel touristique de l’itinérance

L’itinérance pédestre, cycliste, équestre, est une forme de pratique appréciée par de nombreux pratiquants. En témoigne la hausse de la fréquentation d’itinéraires tels que La Loire à Vélo (plus 10 % en 2018[10]) et Sur le chemin de Robert Louis Stevenson (plus 6 % de 2010 à 2016[11]).

Les retombées économiques sont réelles. En effet, de mi-avril à mi-octobre 2010, les 6 140 randonneurs du chemin de Robert Louis Stevenson ont consommé 59 000 nuitées, ce qui a généré des retombées s’élevant à 2,9 millions d’euros, répartis sur l’ensemble des secteurs traversés[12]. En 2017, La Loire à Vélo a attiré près d’un million de personnes (43 % de touristes et 57 % d’excursionnistes). Les retombées économiques de cette fréquentation sont d’environ 30 millions d’euros de consommation, répartis sur les territoires concernés par l’itinéraire de La Loire à Vélo, dont plus de 28 millions générés par les touristes en itinérance (estimation Comité régional du tourisme Centre - Val de Loire).

Enfin, l’itinérance semble être une offre touristique particulièrement rentable puisque la dépense moyenne des touristes en itinérance est supérieure à la dépense moyenne des touristes en séjour, qu’ils pratiquent ou non des sports et loisirs de nature. En effet, la dépense journalière moyenne d’un cycliste itinérant en France est de 75 euros contre 60 euros par jour pour un cycliste en séjour et 54 euros pour un touriste en général. « Concernant la pratique VTT, la dépense journalière moyenne d’un vététiste en itinérance dans les Alpes est de 60 euros […] La dépense moyenne d’un vététiste en liberté [dans les Alpes] est de 70 euros par jour, soit 15 % de plus que la moyenne nationale »[13]. Concernant la Loire à Vélo, la dépense moyenne journalière des touristes à vélo est de 80 euros par personne[14]. Enfin concernant le Chemin de Stevenson, les randonneurs pédestres dépensent en moyenne, par personne et par jour 58, 49 euros (en 2016, contre 48,90 euros en 2010)[15]. Ces éléments montrent bien le potentiel de développement touristique et économique de l’itinérance.

Pour aller plus loin

Rubrique Développement territorial

Bibliographie

Baromètre national des pratiques sportives 2018. S. Hoibian, S. (dir.). INJEP, 2018. Notes & rapports, Rapport d’étude.

Étude de fréquentation et de retombées économiques de La Loire à Vélo. Tourisme Centre - Val de Loire.

Étude des retombées économiques des randonneurs du chemin de Stevenson, année 2010. Trace TPI. Association Sur le chemin de Robert Louis Stevenson, s.d.

Les chiffres clés 2018. Auvergne Rhône-Alpes Tourisme, 2019. Les carnets de l’ingénierie #2.

Les clientèles du tourisme de randonnée pédestre : Étude des marchés français, allemand et néerlandais. Atout France, 2019.

Profil et attentes des clientèles Outdoor. Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme, 2019. Étude menée sur six marchés européens.

Les données du Baromètre Sports et loisirs de nature en France (2016) ont fait l’objet d’une analyse sur onze activités (vélo tout-terrain, vélo, randonnée, canoë, équitation, ski de fond, marche nordique, luge, accrobranche, apnée, raquette à neige), restituée sur le site www.sportsdenature.gouv.fr, rubrique Espaces activités, onglet Observation > Pratiquants.

Notes

[1] Baromètre national des pratiques sportives 2018. S. Hoibian, S. (dir.). INJEP, 2018. Notes & rapports, Rapport d’étude.

[2] Eurobaromètre spécial 412. Sport et activité physique. Commission européenne (CE), 2014.

[3] Les pratiques à des fins utilitaires sont exclues.

[4] Les chiffres clés 2018. Auvergne Rhône-Alpes Tourisme, 2019. Les carnets de l’ingénierie #2.

[5] Profil et attentes des clientèles Outdoor. Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme, 2019. Cette étude a été présentée lors du Forum GREENFRANCE 2019

[6] Les clientèles du tourisme de randonnée pédestre : Étude des marchés français, allemand et néerlandais. Atout France, 2019.

[7] Les données du Baromètre Sports et loisirs de nature en France (2016) ont fait l’objet d’une analyse sur onze activités (vélo tout-terrain, vélo, randonnée, canoë, équitation, ski de fond, marche nordique, luge, accrobranche, apnée, raquette à neige), restituée sur le site www.sportsdenature.gouv.fr, rubrique Espaces activités, onglet Observation > Pratiquants.

[8] Les pratiquants de sports de nature sont largement investis dans d’autres sports ou loisirs de nature que leur activité de prédilection. À titre d’exemple : les personnes qui s’adonnent au canoë-kayak déclarent pratiquer en moyenne plus de 6 autres sports ou loisirs de nature (source Baromètre Sports et loisirs de nature 2016. PRNSN ; FPS ; Université Lyon 1 ; Université de Bretagne Occidentale).

[9] À titre d’exemples :

[10] En 2018, plus de 51 100 passages de vélo ont été enregistrés par compteur sur La Loire à Vélo en Centre-Val de Loire. À échantillon comparable, c’est 10 % de mieux qu’en 2017. Source : Fréquentation de La Loire à Vélo en région Centre-Val de Loire. CRT Centre-Val de Loire.

[11] Étude des retombées économiques des randonneurs du chemin de Stevenson, année 2016.

[12] Étude des retombées économiques des randonneurs du chemin de Stevenson, année 2010. Trace TPI. Association Sur le chemin de Robert Louis Stevenson, s.d.

[13] Accueillir ma clientèle pratiquant l’itinérance à vélo. Chambres de commerce et d’industrie des régions PACA et Rhône-Alpes, avril 2016.

[14] Vélo & Territoires : Chiffres clés 2017.

[15] L'offre sur le chemin, étude socioéconomique 2016

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