Moniteur de surf : un métier ou des métiers ?

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L’analyse des résultats de la première enquête nationale consacrée aux moniteurs de surf1 donne une vision claire et précise du secteur professionnel de la glisse aquatique. Les acteurs de la filière disposent désormais de données chiffrées fiables et statistiquement représentatives du métier, des métiers devrions-nous dire, de moniteur de surf2.
Les résultats de cette étude donnent à voir la réalité professionnelle des moniteurs de surf en 2017 et avèrent ou infirment certaines hypothèses en la matière. Voici les principaux enseignements que nous pouvons en tirer et les perspectives qui s’en dégagent.

L’encadrement professionnel du surf, une filière professionnelle à part entière

La majorité des moniteurs de surf (60,7 %) encadre tout au long de l’année en tant que salarié. Cette activité constitue la source principale de leur revenu annuel ; ce dernier tend à augmenter. Les moniteurs de surf restent, à titre personnel, des pratiquants assidus.

Même si les monitrices de surf sont peu nombreuses (12 %), la profession est néanmoins plus féminisée que dans d’autres activités sportives. Au regard du nombre de licenciées chez les moins de 18 ans, une augmentation du nombre de monitrices est à envisager. Il a été tenu compte de cette hypothèse dans la révision des tests techniques du nouveau BPJEPS surf, en particulier dans l’épreuve sélective de natation.

Une formation initiale adaptée aux attentes des moniteurs

De manière globale, les moniteurs sont satisfaits des enseignements qu’ils ont reçus lors de leur parcours de formation et se sentent bien préparés à l’exercice de leur futur métier. Notons que les détenteurs du BPJEPS surf expriment une satisfaction plus importante que les autres diplômés. Ces derniers, dans leur grande majorité, déclarent avoir des lacunes dans les domaines périphériques à l’encadrement du surf (entrepreneuriat, gestion administrative et financière).

Par ailleurs, l’enquête révèle que 14,6 % des moniteurs de surf sont issus de la filière Staps. Une offre partenariale proposant une double formation Staps-BPJEPS surf mériterait d’être étudiée.


Des attentes fortes en matière de formation professionnelle continue

Les moniteurs de surf veulent acquérir de nouvelles compétences, en particulier dans les domaines du perfectionnement et de l’entraînement, de la gestion de projet et des langues étrangères. Pour les accompagner, la filière surf doit poursuivre l’amélioration de son offre de formation professionnelle continue, aussi bien en proposant des diplômes qualifiants (DEJEPS et DESJEPS surf, certification complémentaire) que des formations modulaires spécifiques.

L’entrée du surf dans la liste des disciplines olympiques laisse envisager une augmentation du nombre de moniteurs qui poursuivront leur formation professionnelle dans le domaine de l’entraînement et qui s’orienteront vers des diplômes dédiés (DEJEPS et DESJEPS mention surf).


Une activité dominée par l’encadrement « d’initiation », qui nécessite aussi des compétences en matière de « perfectionnement »

Même si le temps de travail des moniteurs de surf est principalement dédié à l’encadrement lors de séances d’initiation et de découverte du surf (en particulier sur la période estivale), la quasi-totalité des moniteurs (96,6 %) encadre aussi à des fins de perfectionnement.

Notons que si 64 % des moniteurs déclarent encadrer le surf scolaire, cette activité ne représente que 8,3 % de leur temps de travail annuel. Ces moniteurs estiment que le surf scolaire pourrait être une voie d’augmentation substantielle de leur activité annuelle.


La polyvalence comme condition pour diversifier une offre

L’encadrement du surf est le cœur du métier du moniteur. Toutefois, cette enquête révèle l’intérêt des moniteurs à pouvoir encadrer plusieurs supports.

À titre d’exemple, proposer la pratique du stand up paddle (Sup) en cas d’absence de vague ou la pratique du bodyboard à un public scolaire, permet de s’adapter aux conditions météorologiques et aux différents publics. Notons que le Sup est l’activité sur laquelle les professionnels du surf fondent le plus de perspectives de développement et de diversification.


Vers un nouveau modèle économique du surf ?

La viabilité du modèle économique que nous connaissons repose en grande partie sur l’encadrement de séances d’initiation et de découverte (essentiellement effectué en période estivale).
Il s’appuie, simultanément, sur la mise en place d’offres répondant aux diverses demandes (loisir, perfectionnement, surf santé, parasurf et surf adapté) de publics variés, qu’il s’agisse des scolaires, de la population locale ou de touristes. Cette diversification permet un étalement annuel de l’activité des moniteurs de surf de mars à novembre.

Ayons également à l’esprit que l’arrivée des vagues artificielles en France, élément non abordé dans cette enquête, est susceptible d’avoir un impact sur le lieu d’exercice et la période d’activité.
Face à ce constat, la formation professionnelle doit prendre en compte la multitude de compétences requises par le métier de moniteur de surf. Elle doit viser la meilleure adéquation entre les attentes des pratiquants encadrés, les besoins des professionnels et les contenus de formation proposés. Parions que le travail collaboratif mené autour de cette enquête permettra de répondre à cet objectif, au service du développement maîtrisé de la pratique.


En savoir plus

Mieux connaître les moniteurs de surf : www.sportsdenature.gouv.fr (rubrique Comprendre > Publications de l’Observatoire)

Rubrique Emploi, formation, métier dans les sports de nature : www.sportsdenature.gouv.fr (rubrique Agir > Emploi, formation, métier)

Notes

1.Mieux connaître les moniteurs de surf. PRNSN, 2018. Coll. (Enquête, n° 6)

2.Précisons que pour être exhaustif, cet état des lieux de la profession mériterait d’être complété par une enquête spécifique sur les ressortissants européens qui ont obtenu une autorisation d’exercer en France par libre prestation de service ou de s’installer en France par libre établissement en respect de la directive 2005/36/CE.

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